Nous nous levons le matin...tard! A Ushuaia, le soleil se couche vers 23 heures et se lève à.....? Le corps s'adapte: on se couche tous assez tard et on se lève très tard: vers 10 heures... On dort beaucoup et on commence à se demander si on n'hiberne pas! Comme il fait froid, se lever tôt relève du masochisme! Alors vive les grasses matinées!
Nous découvrons le camping municipal. Bon d'accord il n'est pas très propre mais il y règne une ambiance familiale et conviviale agréable: les parents s'occupent des asados pendant que les enfants jouent au foot. Les jeunes écoutent de la musique à fond les ballons en buvant de la bière. Et puis, ce lieu est vraiment bizarre: c'est un espace populaire mais il est entouré du golf et de la station de train « les plus australes du monde »! On entend le vieux train utilisé par les anciens prisonniers d'Ushuaia pour couper leur bois de chauffe siffler pour appeler les touristes pendant que des golfeurs bien habillés jouent et que les autres grillent leur viande et préparent leurs empanadas! Cela crée un mélange assez bizarre mais qui nous plait bien. On en profite pour demander des tuyaux sur les laveries pas chères de la ville et on se prépare pour aller chercher JP à l'aéroport...
A l'aéroport, les filles se cachent. JP est en pleine forme malgré les deux jours de voyage depuis Montpellier pour arriver à Ushuaia. Le décalage horaire ne semble pas l'affecter. Sa valise est restée à Buenos Aires mais nous la récupérerons le lendemain sans soucis. Nous sommes tous heureux de le retrouver et nous l'emmenons en ville. Nous sommes dans l'avenue San Martin, la plus touristique d'Ushuaia. Ici, tout vous rappelle que vous êtes dans « la ville la plus australe du monde ». Tout est fait pour le tourisme: il y a une quantité impressionnante d'agences vendant des voyages en Antarctique moyennant...3000 euros par personne. Il y a également beaucoup de balades proposées sur les iles Navarinos ou autres pour observer les pingouins, lions de mers ou oiseaux divers. Evidemment, les prix sont élevés. Et pour atteindre Puerto Williams, la ville chilienne « la plus australe du monde », il faut traverser le canal de Beagle et payer plus de 100 euros. Les restaurants affichent leurs prix en euros et en dollars.
Mais Ushuaia ne se limite pas à ces quelques rues superficielles. Il suffit de s'en écarter un peu pour découvrir une ville attachante avec une vraie vie de quartier; des bouchers qui tapent la causette et vous indiquent les bons plans pour acheter....du poisson! L'urbanisme n'obéit à aucune règle. C'est difficile de se repérer dans cette ville car elle a poussé comme un champignon et on a vraiment l'impression que chacun a construit sa maison; sa cabane où il y avait de la place sans vraiment de cohérence. Il est vrai que l'essor de la ville est très récent et est évidemment lié au tourisme. Au départ, l'état y avait construit une prison et il n'y avait pas grand monde à part les prisonniers et...les indiens. Puis les pionniers sont arrivés à la fin du 19e siècle. Ils ont vécu -comme ailleurs en Argentine- de l'élevage et ont occupé toutes les terres. Leurs exploitations étaient et sont toujours pharaoniques. Les indiens de terre de feu ont été les plus touchés par les massacres. Contrairement aux Guaranis du nord ou aux Mapuche du chili, ils ont tous été exterminés: il ne reste plus aucun Onas; Yamanas, Tehuelches ou d'autres encore. Et aujourd'hui, on se rappelle d'eux pour le folklore, surtout au Chili: il y a tout un artisanat développé avec des icônes utilisés auparavant par ces indiens. Des fortunes monstrueuses se sont créées ici. Cette région attirait également les chercheurs d'or et autres fous prêts à s'exiler pour tenter leur chance. Il fallait avoir une certaine dose de folie pour s'installer dans cette région inhospitalière: il n'y fait jamais beau; il y a un vent horrible; on y était forcément seul...
Pour l'heure, JP découvre l'ambiance et le froid ambiant... Il est tout heureux de se trouver dans cette région dont il rêvait depuis longtemps. Après avoir déposé notre linge dans la laverie « la plus australe du monde » -et néanmoins très économique- nous rejoignons Marc au camping pour faire un asado. Marie a déjà entamé la balade avec nous. Nous ne sommes pas très bien accueillis au camping « La pista del andino »par les gérants car nous n'y dormons pas... On se fait quand même nos grillades et mangeons notre viande délicieuse et grillée à point. On se régale et passons une soirée sympa dans le bus.
Il est tard quand nous rentrons au camping municipal pour dormir. Mais le lendemain, au réveil, JP découvre l'ambiance: des familles se font à manger autour de nous sur les tables en bois en utilisant les barbecues. Les uns utilisent la tronçonneuse pour couper le bois à même la forêt; les unes prennent la hache pour fendre le bois; les autres empilent les empanadas; les jeunes jouent au ballon ou avec les chiens. Dans ce mic mac de vie bon enfant, nous rencontrons Galep, son chapeau, ses bottes, son bus magnifique et sa famille. Nous passons un moment à discuter. Il a la conversation très lubrique mais surtout, il est toujours mort de rire et a un air à la Fernandel qui nous fait craquer! Et puis, dans son bus trônent des affiches de femmes à poil au milieu desquelles ses filles et sa femme vaquent à leurs occupations. Cette famille est très attachante et nous invite à passer les voir chez eux à Rio Grande. Nous n'y manquerons pas!
Nous attendons le soir pour tenter d'entrer au « Parque nacional Tierra del fuego » gratuitement. En attendant, on se balade dans le port de plaisance « le plus austral du monde » où nous croisons des engins de compétition monstrueux! Les plus grands navigateurs passent forcément un jour ou l'autre par ce port... Il fait vraiment froid et les filles ont du mal à sortir de la voiture. Nous nous réfugions dans un bar pour nous réchauffer et nous reprenons la balade ensuite.
Le soir, nous entrons dans le parc. Nous nous trouvons un endroit super dans une zone de camping libre. Il y a des fleurs blanches partout. Des lapins gambadent et font la joie des filles et des grands. Elles se lancent à leur poursuite mais elles n'arrivent pas à en attraper. Elles ne s'en lassent pas pour autant! Il a même fallu faire des collets et les poser devant les terriers. Dans un parc naturel, cela ne fait pas très sérieux... Rassurez-vous, les collets sont restés désespérément vides... JP est heureux comme tout: il adore ce type de paysage et s'exclame à tout bout de champ! Des ibis nous survolent et font leur bruit de klaxon à son grand bonheur. Il aura quand même fallu une heure à l'aventurier patagon pour monter sa tente. Tente qu'il n'utilisera finalement pas beaucoup pendant son séjour car celle des filles semble bien plus confortable... Et la sienne, bien que neuve, est déjà trouée...
Dès le lendemain, nous commençons les randonnées: on a un marcheur avec nous et il compte bien profiter de la belle nature qui nous entoure. Nous entamons la balade la plus difficile: l'ascension du cerro Guanaco. Ca grimpe dur; c'est vraiment raide et Lise râle tout ce qu'elle peut. Elle finit d'ailleurs la montée seule. N'empêche, nous découvrons une forêt magnifique digne des légendes : des troncs d'arbres juchent le sol partout; des racines facilitent -ou rendent plus difficile au choix- la marche; des champignons oranges forment des gros paquets sur les arbres; le vent souffle en créant parfois des bruits inquiétants. Nous n'allons pas jusqu'au bout et nous arrêtons au belvédère qui nous permet d'avoir une splendide vue du parc. Nous ne sommes pas seuls mais nous ne croisons pas non plus grand monde. La descente est plus simple et nous allons nous réfugier, après la randonnée, au centre des visiteurs. C'est un bel endroit dans lequel nous apprenons peu de choses sur la faune et la flore locales mais qui présente par contre l'Histoire des premiers indiens de Terre de feu de façon très détaillée et claire. Des belles maquettes illustrent les propos. Du centre, nous apercevons une « vallée glaciaire académique » qui nous vaut tout un cours dispensé par JP, féru de géologie et de montagne.
Nous passons une deuxième nuit dans le parc. Un zorro s'approche de nous. Les filles sont occupées par les lapins. Cette fois-ci nous ramassons du bois pour nous faire un feu. Nous pourrons profiter de l'extérieur un peu plus longtemps. Il fait vraiment froid et il est impossible de rester dehors pour passer la soirée. Manger dehors sur notre petite table bleue est déjà difficile mais discuter tranquillement est impossible: tout le monde rentre; les filles sont couchées et les adultes se ratatinent à l'arrière pour poursuivre la soirée. Heureusement, JP n'est pas trop attaché à son confort et s'adapte facilement....
Le lendemain, nous nous baladons encore dans le parc sans faire pour autant de randonnées: nous visitons une tourbière magnifique avec ses petites fleurs étranges; nous observons des barrages de castors mais n'apercevons aucun animal.
En fin de journée, après une douche très chaude au camping du parc, nous partons heureux d'avoir découvert ce bel endroit.
Janvier 2010 : Ushuaia |
|||||||||||||||||||||||||||||||||||||
|
|||||||||||||||||||||||||||||||||||||